Les pododermatites chez le rat.

 

 

 

Les pododermatites ( de podo pied et dermatite infection de la peau) sont des infections du derme des pattes arrières. Elles peuvent être ulcérées, c'est-à-dire que la peau laisse place à une plaie.

La pododermatite du lapin est souvent due a une cage très sale, celle du cochon d’inde au scorbut, mais les origines de la pododermatite chez le rat sont encore très troubles.

 

          1) Symptômes et diagnostique.

 

La pododermatite commence par l’apparition d’une tâche rouge acompagnée parfois d'un gonflement. C’est une irritation qui se transforme en dermatite.

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début de pododermatite.

 

Puis cette tâche continue de grossir, d’enfler et une croûte apparaît. L’ulcération débute.

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pododermatite avancée.

 

La pododermatite peut continuer de grossir et l'ulcération progresser. Cela peut passer par différents stades, jusqu'à la pseudo tumeur.

  

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pododermatite ulcérée très avancée.

 

Cela devient alors très douloureux pour le rat. A cause de l’ulcération il arrive que la patte enfle ou que la plaie s’infecte :  on parle alors de pyopododermatite.

 

          2) Ethiologie

 

Il semblerait qu’il  existe plusieurs types de pododermatites. En effet, certains rats en guérissent très bien et très vite alors que d’autres ne guérriront jamais.

 

Les cas qui guérissent vite le font après traitement par un antiseptique ou antifongique, voire par une antibiothérapie. Ainsi on peut supposer que ces pododermatites sont dues à des germes : un microorganisme profite d’une plaie ou d’une toute petite griffure pour coloniser la peau et lyser le tissu. Le staphylocoque doré est par exemple spécialiste de ce genre de pathologies (impétigo …)

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Exemple d'une pyodermatite due a une très mauvaise hygiène de cage.
On ne saura pas si cette pododermatite guérira avec un traitement car le rat a du être euthanasié avant toute tentative.

 

Les cas qui ne guérissent pas après un traitement antigermique conduisent à des pseudo tumeurs granulomateuses.
Il semblerait qu'il existe des prédispositions génétiques et on peut émetre l'hypothèse d’une maladie auto-immune. En effet, le tissu de granulation correspond à une surcicatrisation, formant un cal ou pseudotumeur.
Cette idée seras développée dans l’étude de cas. Mais malheureusement on ne connait déjàt pas les mécanismes de ces maladies chez l'homme, il est donc difficile de comprendre ce qui se passe chez le rat.

 

Il semblerait que l’obésité favorise également l’apparition des pododermatites en augmentant la pression sur les pattes et le frottement de la peau.


Il semblerait qu’il existe des prédispositions génétiques, et ont peut poser l’hypothèse d’une maladie auto-immune. En effet le tissu de granulation correspond à une surcicatrisation, formant un cal ou pseudotumeur, cette idée seras développée dans l’étude de cas.

 

Il semblerait que l’obésité favorise également l’apparition des pododermatites  en augmentant la pression sur les pattes et le frottement de la peau.

 

          3) Traitements

 

Il faut commencer par considérer que l’ont est dans un cas curable. Dans cette optique on traite avec des antiseptiques et antifongiques en bain de pied tels que la bétadine et le violet de gentiane.

Si celas ne passe pas ont peut tenter des crèmes antibiotiques/anti inflammatoires/cicatrisantes telles que la cortanmycétine, la béta-septigène, la panalog etc. …

Si encore une fois ces traitements ne sont pas efficaces ont peut passer à une antibiothérapie plus ou moins lourde à base de marbofloflaxine, enrofloflaxine, doxycycline ou autre (voire des associations)

Quand on en arrive à ce stade, on traite souvent l’inflammation par des corticoïdes par voie générale ou par application locale avec un spray d'hydrocortisone par exemple. La difficulté étant de ne pas en donner trop au vue des effets secondaires de ces derniers et on limitera également la durée du traitement.

 En cas d'echec on peut partir du principe que l’on est face à quelque chose qui n’est pas infectieux mais endogène. On pourrait être tenté de procéder à un curetage, cependant l’expérience prouve que ça ne sert à rien, cela n'apporte même pas un répit convenable au patient. En effet, quelques jours après l’opération la pododermatite réapparaît et il est même fréquent qu’elle devienne plus grosse qu’avant l’intervention.

 Dans la même optique on peut appliquer localement de l'acide tricholoroacétique ou faire des séance de cryothérapie. Ces deux traitements ont pour but de tuer les cellules plus vite qu'elles se divisent. On ne guérit donc pas la pododermatite mais on diminue son épaisseur. Il vaut mieux associer ces traitement a un anti immflamatoire tel que le méloxicam car ils sont douloureux.

A défaut, on peut maintenir le rat sur un substrat doux et moelleux tel que d’épaisses couches de sopalin afin de ne pas écraser les vaisseaux ce qui ralentirait la cicatrisation. On peut également faire un pansement autour du pied, que l’on change tous les jours au début. Pour relancer la cicatrisation il existe plusieurs techniques, on peut utiliser un gel colloïde aqueux, un onguent, ou du cothivet (teinture mère de Centella asiatica entre autre) mais les résultats sont rarement probants. Pour le cothivet il arrive souvent que l'aplication provoque des saignements plus ou moins importants.

Quand le tissu de granulation est bien avancé on peut ce contenter de changer le pansement tous les 2, 3 jours.

Si aucune croûte ne semble apparaître, ce qui est souvent le cas, on peut faire vivre le rat dans une cage sans étages sur sopalin et vérifier l’état  des pattes tous les jours. Ceci facilite le traitement, le contrôle et les soins (il n’est pas toujours facile de faire un pansement à un rat…)

On peut également tenter une thérapie à base de corticoïdes afin d’immunodéprimer l’organisme. Mais ceci est dangereux au vu des effets secondaires des corticoïdes et de la fragilité face aux pathogènes que provoque ce traitement.

Une autre piste est les abcès de fixation à la térébenthine. C’est très bien décrit chez les bovins mais pas du tout chez le rat donc c’est encore de l’ordre expérimentale. Il s’agit de dévier les défenses immunitaires de la pododermatite.

 

          4) Prévention

 

On a vu qu’il existait certainement des prédispositions génétiques, c’est pourquoi, comme pour de nombreuses pathologies, une bonne sélection des reproducteurs est très importante, ne faisons pas de la reproduction n’importe comment, même ponctuellement ! Donc évitons la consanguinité, les achats en animaleries car leurs fournisseurs pratiquent bien souvent une reproduction anarchique. On ne devrait pas reproduire un mâle de moins de 1 ans et demi/2 ans et surtout étudier la santé de ses aïeux. Pour les femelles nous sommes coincés entre 6 et 10 mois pour des questions de risque à l’accouchement, mais cela ne nous empêche pas d’étudier leur généalogie.

 

Ensuite il faut éviter l’obésité. Là encore la sélection des reproducteurs est importante, mais aussi une bonne alimentation et de l’exercice quotidien qui peut parfaitement passer par un simple lâcher du rat dans une pièce pendant une ou deux heures.

Pour les rats obèses, ou ceux présentant un début de pododermatite, il est très intéressant de passer à un substrat type empilement de sopalin, coussins changés tous les jours, litière de cellulose, d'alèse jetables ou a défaut le lin pour limiter l’apparition ou la dégradation de la pododermatite.

De mêm, il est judicieux d'éviter de mettre des étages dans la cage : la macération des pattes dans l'urine est un facteur favorisant l'apparition d'une pododermatite infectieuse. On préfèrera mettre des bacs remplis de substrat à la place des étageset on jettera tout ce qui est en bois (l'urine s'y imbibe et en se dégradant dégage de l'ammoniac nocive pour les voies respiratoires)

Enfin il faut prendre très au sérieux les débuts de pododermatite si l’ont veut espérer une guérison, même s'il est fréquent que malgré tous les soins la guérison n’arrive jamais.

 

          5) Etude de cas

 

Ombre est un variegated noir étoilé fléché raté né le 19 janvier 2005 à Amiens d’une mère irish noir issue d’animalerie et d’un père siamois issu d’une autre animalerie.

Les seules informations que j’ai sont que la mère à 2 ans a eu une grosse tumeur, que le père faisait des abcès à répétition, il est mort à 2 ans et demi, et qu'un de ses frère faisait des abcès à répétition également. Ombre est le seul agressif hormonal connu de la portée.

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Novembre 06 : castration pour agressivité hormonale, il a fait un gros rejet des fils purulent ; une semaine après l'opération on le réouvre pour vider l’abcès.
En parallèle il avait un abcès enkysté à l'aisselle qu'on a enlevé en même temps que ses testicules. Il a été traité à la marbofloflaxine pendant 10 jours pour le post op. mais sans consèquences sur ces pattes.

Décembre 06 : épidémie de rhume, marbofloflaxine aucune réaction au niveau des pattes.

Avril 07 : traitement de la pododermatite au violet de gentiane, bleu de méthylène, marbofloflaxine, aucun effet. L’hypothèse d’une maladie infectieuse est alors écartée.

Juin 07 : curetage minutieux à l’œil nu, 2 jours après la masse cellulaire réapparaît.

 

undefined15 juin 07 après un bain de bleu de méthylène.

 

P1040487.JPG20 juin 07 après son curetage.


Peut de temps après il a eue un abcès intramusculaire dans la paroi abdominale et sa patte allait mieux, nous avons donc soupçonné un problème immunitaire, certainement une maladie auto-immune. Quand l'abcès intramusculaire a été enlevé la pododermatite s'est mise a regrossir.

Nous avons continuer a lui donner régulièrement des bains de bétadine et de violet de gentiane. Une ou deux fois des anti inflammatoires et des corticoïdes quand c'était vraiment moche mais sans effet; de plus ce genre de molécule est à utiliser avec parcimonie ... Sa patte, son mollet et son ganglion étaient vraiment gonflés.

Juillet 07 : nous lui mettont un pansement changé toutes les semaines, ce qui lui permet de vivre dans la cage commune sur lin sans avoir de litière plantée dans l'ulcère. A chaque soin il y a application de pommade au chloramphénicol, anti inflammatoires et cicatrisant. On a testé l'équivalent avec de la gentamycine, aucun effet.

Une vidéo du pansage : http://www.dailymotion.com/Automne09/video/x3xtdw_pansement-de-ombre_animals

On a testé la cryothérapie, deux séances à 1 semaine d'intervalle ce qui n'a eu aucun effet mais a été très douloureux.

Puis il y a eu un abcès intramusculaire au même endroit que le premier, on le lui a laissé puisque sa patte allait vraiment vraiment mieux grâce à ça. Courant août l'abcès s'est résorbé pendant une semaine, et là sa patte était horrible.
C'est pourquoi je pense que le lien avec une maladie auto-immune est prouvé.

 

Début septembre 07 : son abcès était trop gros et surtout nécrosé, devant le risque d'hernie on le lui a enlevé, sa patte et vite redevenue très moche.

Octobre 07 : je l'emmène chez un spé nac référent à Arceuil, le remplaçant me propose de le garder une semaine, de lui faire des pansements tous les jours et de changer de crème pour relancer la cicatrisation, il passe au gel colloïde aqueux. Le véto que je voulais voir rentre en milieu de semaine et décide de le cureter, il le fait sous loupe bino, va jusqu'au métacarpe, entre les tendons, il enlève tout, puis met de l'acide trichloroacétique et me donne un gel acide à lui appliquer tous les jours.
On le met sous marbofloflaxine 15 jours, et méloxicam pendant 1 semaine, plus le gel.
Au bout d'une semaine ça "repousse", au bout de deux c'est comme avant l'intervention. On décide de continuer le gel, la marbofloflaxine, de rajouter de la doxycycline, et de reprendre le méloxicam pendant 2 semaines.

Après ses 4 semaines de traitement on se limite à l'application locale de l'acide trichloroacétique journalière en espérant enlever plus de cellules qu’il n’en apparaît. On a réussi par 2 fois à faire diminuer très sensiblement la pododermatite de taille, mais depuis décembre 07 c’est très ulcéré, ça remonte jusqu’au talon et déforme la  patte.

 

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Après avoir enlever le pansement, la compresse arrache les cellules mortes qui se desquament.

 

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Après l'aplication d'acide.

 

 

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Plusieurs jours après, une couche blanche : les cellules mortes.

 

P1070082.JPGSa deuxième pododermatite empire de plus en plus et s’ulcère petit à petit.

 

 

Finalement, la vitesse de croissance des cellules granulomateuses était supérieur à la vitesse de mort cellaire due à l'acide. Cette méthode étant de plus très douloureuse, nous avons arrêter de le traiter ainsi. Ce n'est pas un traitement a oublier mais a réservé pour des pododermatites a croissance lente.

 

En ne le soignant plus, son etat a évolué lentement, la masse de cellule augmentait ainsi que la circonfèrence.

 
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La masse cellulaire augmente en epaisseur et en circonfèrence.


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Sa deuxième pododermatite se dévelopait de plus en plus.

 

 

Le 7 février, son etat étant de plus en plus douloureux nous avont refait un curetage et nous lui avont poser des point cutané au vicryl au niveau des homoplate en espèrant qu'il face un abcès, ce qui aurait détourner les défenses immunitaires.


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Avant le curetage de février.

 

 

Durant le curetage on s'est rendu compte que la pseudo tumeur gagnait en profondeur, et que sa ateigner l'os, qui était désormait déformé. On ne sait pas si c'est du à la modification des forces de présions due a son mauvais appuie ou a la pododermatite qui pousse directement l'os. Il est également possible que ce soit les coup de scalpel lors des précédents curetages qui ont abîmés l'os qui aurais produit des cals.

 

 

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Les points cutanés visants a produire un abcès de fixation.

 

 

Evidament, Ombre n'as pas fait d'abcès, il a garder ses points plus d'un moi, ils ont était peut a peut rejeter par la peau, et au bout d'un moi ils sont tombés.

 

 

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10 jours après le curetage la pododermatite a déjà atteint cette taille.


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Un moi après.

 

On a laisser sans y toucher puisque finalement l'acide n'était plus efficace et que rien ne fonctionne, autant ne pas le faire souffrir pour rien.

Mais en mai ses pattes se sont infectées.

 

 

ImageLe 30 avril 2008 il y a eue début d'infection et oedeme.

 

 

Il a été mis sous marboflaxine, corticoïdes longue action (le 30 puis le 5 avril), bains de bétadines et aplication d'onguent. L'oedeme c'est légèrement résorbé, puis une partie de la peau de la patte droite (la plus petite podo) a commencer a nécrosé, ce qui a permis de vider une bonne quantité de pue.


ImagePartie nécrosée qui permet de vider le pue.
 
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Les ulcérations qui se referment très vite.

 

 

Cette cicatrisation des ulcérations nous replace sur l'hypothèse d'une maladie autoimmune, les défenses imunitaires sont déviées vers l'infection. Il est également possible que le pue soit stérile et que les défenses s'attaquent au tissus musculaire.

 

Après une semaine de marboflaxine sans effet nous somme passer au trimétroprime sulfa, antibiotique qu'il n'as jamais eue, on évite ainsi les résistances acquises (mais pas inhées, évidament si la souche n'est naturellement pas sensible à cet antibiotique ... )

 

 

La prochaine étape c'est les abcès de fixations à la térébenthine, ceci est très bien décrit chez les vaches mais si on tente sur Ombre ce sera de l’ordre de expérimentale. Donc on attend le dernier moment au cas où se soit létal.

19 mai 2008 décès de Ombres après 20 jours de soins quotidiens a le traiter aux antibio, faire plusieurs bains de pieds, et lui presser les pattes pour en faire sortir le pue. De plus il était affaiblit, maigre, et avait un rhume.

Pour  conclure
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Il existe deux types de pododermatites.Celles qui guérissent et les autres ... Les premières sont infectieuses et une bonne hygiène de cage ainsi que des désinfections de la plaie sont suffisantes. Mais pour les secondes ... des pistes de traitement sont encore à explorer, mais une maladie auto-immune est délicate a soigner. Un rat est un animal naturellement fragile, nombreux sont atteints de rhumes divers et meurent de pneumonie, il est alors difficile d'immunodéprimer un tel animal...

Le seul traitement  semble alors être préventif, ne faite pas de reproduction n'importe comment ! écartez les rats à pododermatites et les lignées atteintes.